Ingérences en orange
Comment les Américains ont manipulé toutes les révolutions dans l’ancienne URSS
et l’ancienne Yougoslavie dans les années 2000 à 2014
Jean Staune
Fils d’un père letton dont une partie de la famille avait été massacrée par Staline et dont de nombreux camarades de classe âgés de 17 ans avaient été brutalement déportés en Sibérie en 1940 à l’occasion des conséquences du Pacte Germano-Soviétique, j’ai été élevé dans l’idée que le communisme en général et la Russie en particulier était l’ennemie de l’humanité.
Ainsi, quand dix à quinze ans après la chute du mur de Berlin les « dinosaures » de l’époque soviétique ont été chassés du pouvoir en Serbie, en Géorgie, au Kirghizstan et en Ukraine, je ne pouvais évidemment que m’en réjouir.
Mais ma femme, chinoise, n’était pas d’accord. Elle décelait déjà un « deux poids deux mesures ». Une ingérence inacceptable des américains dans les affaires de pays sensés désormais être indépendants. Je n’y ai pas prêté une grande attention, jusqu’à ce qu’elle me montre un petit documentaire passé en grande partie inaperçu, réalisé en 2005 par Canal+. Le Canal+ de 2005, bien avant l’époque Bolloré, est encore irrigué des fameuses idées « progressistes » qui se voulaient anti-américaines et pacifistes alors que « atlantistes » sont de droite. On voit aujourd’hui à quel point les choses se sont inversées quand on voit que les membres du « Parti de la guerre » les plus acharnés sont recrutés essentiellement au centre et au centre gauche.
Ce film est intitulé « Les Etats-Unis à la conquête de l’Est ». Il commence très calmement dans un golf au Kirghizstan où deux américains sont en train de prendre leur brunch du dimanche. Mais ce ne sont pas n’importe quels américains. Employés par une fondation au service des Républicains (et là on voit aussi à quel point le parti Républicain a changé, passant des faucons néo-conservateurs désireux de s’ingérer dans toutes les affaires internationales, à l’isolationnisme actuel de Donald Trump) dirigée par John McCain, ce sénateur Républicain qui fut le candidat malheureux contre Barak Obama quelques années plus tard en 2008, et qui jouera un rôle important dans le fameux coup d’état de 2014 que nous avons décrit dans notre page sur l’Ukraine.
C’est une constante dans ce documentaire : quel que soit le pays où l’on aille, quelle que soit la fondation américaine ou l’ONG concernée, la figure de John McCain apparaît soit en personne soit en filigrane. Il semble avoir joué un rôle extrêmement important dans cette ingérence généralisée, certainement de bonne foi, en bon amoureux de la démocratie, comme ces deux américains qui devisent très tranquillement devant une tasse de thé et des œufs brouillés : « moi, je ne crois pas que l’impérialisme soit une mauvaise chose, s’il est au service de la liberté. Je suis persuadé que j’agis pour le bien des gens ». Et l’autre, son collègue, rajoute quand même qu’il est là pour « exporter l’économie de marché dans l’intérêt des Etats-Unis ».
Bref, pour paraphraser l’expression du PDG de la General Motors : « Ce qui est bon pour la General Motors est bon pour les Etats-Unis ».
L’équipe de Canal+ n’est pas là par hasard, il y a bientôt des élections au Kirghizstan, et Mike Stone, l’un des deux américains « employés » de John McCain dirige justement la seule imprimerie du pays...qui imprime les journaux d’opposition. Or, on vient juste de couper l’électricité dans cette imprimerie car dans quelques jours il y aura justement d’importantes élections législatives. Et l’américain explique, très fier, que le pouvoir le craint, non seulement parce qu’il imprime les journaux de l’opposition, mais aussi un petit guide destiné à renverser les gouvernements « dictatoriaux ». « Guide de la révolution » qui a été élaboré au départ par un professeur américain ( qui sera interviewé dans le film) et que nous retrouverons tout au long du documentaire de Canal+ dans de nombreux pays.
On assiste alors à une scène assez stupéfiante. Le Kirghizstan de l’époque est l’un des rares pays à avoir à la fois des bases russes et une bases américaine. Nous sommes dans l’époque post-soviétique où l’économie russe est encore très faible, et l’état dépend en partie des loyers que lui versent les USA. Le sénateur John McCain dans une réunion qui a été filmée par l’équipe de Canal+ s’adresse au Ministre des Affaires Etrangères du pays exactement comme s’il parlait à un employé. Il lui explique qu’il faut immédiatement rétablir l’électricité de l’imprimerie pour lui permettre de continuer à distribuer les journaux d’opposition. Lequel ministre s’exécute, puis confie à la caméra de Canal+ qu’il est contreproductif d’essayer d’imposer la démocratie dans des pays qui ne sont pas encore prêts.
Quelques jours plus tard, alors quel les élections législatives ont donné « en théorie » la victoire au parti au pouvoir, de grandes manifestations organisées par de jeunes opposants vont balayer le régime et le ministre en question.
Comment le dit l’un de ces opposants interrogé par Canal+, « même si c’est un projet américain, je ne vais pas m’excuser ». Les américains, eux, ont eu le sentiment d’une mission bien accomplie.
On se rend compte ensuite, au fur et à mesure des pays et des interviews, que l’on a à faire à une véritable internationale révolutionnaire à l’envers, un « Komintern » au service des américains et entièrement financé par eux. On insiste ainsi à des stages qui alternent entraînements physiques de type « commandos » et des discours politiques en ... Crimée pour former les jeunes militants ukrainiens.
Un détail attire mon attention : un jeune biélorusse qui espère une révolution qui n’est encore jamais arrivée dans son pays, a gardé un T-shirt orange de l’époque de la « première » Révolution de Maidan, celle de 2004. Il dit avec une admiration quasi-éperdue, parlant des ukrainiens « ils avaient tellement d’argent »... Ainsi, en 2004, il y avait déjà beaucoup d’argent investi par les américains pour le changement de régime en Ukraine. Imaginez alors ce que cela a dû être entre 2004 en 2014 !
Deux mois avant les élections, on voit des étudiants serbes aider les géorgiens, toujours en présence de représentants de John McCain. Si tous ces américains sont discrets, ils ne se cachent pas, et avec quelques efforts, l’équipe de Canal+ arrive à en interviewer certains dans leur QG aux Etats-Unis. Par exemple, celui de l’ONG « Projet pour les démocraties en transition » dont le directeur, avoue benoitement que dans les années ‘50-’70...c’est la CIA qui faisait le travail qu’il effectue actuellement et que ce travail se fait faire désormais par des ONG de façon publique et « transparente ».
Le directeur d’une autre ONG qui joue aussi un rôle central dans toutes ces « révolutions de couleurs », confie au hasard dans une interview que son père est l’un des fondateurs de...la CIA. Ce qui boucle la boucle !
On croise dans leurs bureaux deux jeunes russes qui ont créé leurs ONG il n’y a même pas trois mois. Elles ont déjà l’adresse du « guichet » pour venir chercher des fonds (qu’elles obtiennent bien sûr ) pour les manifestations contre Poutine… en 2005 ! Soit avant son premier discours anti occidental à Munich, en 2007…
On voit évidemment aussi le rôle de Georges Soros dont la Fondation a formé les divers ministres qui arrivent au pouvoir dans différents pays.
Le film se termine par cette phrase incroyable, est terriblement prémonitoire, qui, je vous le rappelle, est de 2005 : « La révolution sera de couleur rouge comme l’affrontement inévitable entre deux forces que lentement mais sûrement on est en train de dresser dangereusement l’une contre l’autre ».
Certes, vous me direz que tout cela a été fait au nom de la démocratie, du droit des peuples à disposer d’eux-mêmes, et que l’on a juste un peu « aidé » les mouvements à aller dans le « bon » sens de l’histoire.
Il y a juste un petit problème... Tous ces jeunes « croisés » de la démocratie que l’on voit si enthousiastes dans ce film, croyez-vous qu’ils accepteraient un seul instant le résultat légitime d’une élection si celle-ci leur donnait une minorité ? Et qu’ils iraient raconter à John McCain et leurs parrains américains que le peuple de leur pays a choisi la continuité, et les « dinosaures » post-soviétique plutôt que l’attrait de la liberté de l’Occident qu’ils représentent ?
Cela m’étonnerait beaucoup. Et j’en ai la confirmation dans le fait que dans la fameuse élection de 2010, modèle de démocratie, encore une fois, selon l’organisation pour la coopération et la sécurité en Europe (OSCE), l’opposante pro-Occidentale au candidat pro-Russe Viktor Yanukovych, Yulia Tymoshenko avait d’abord commencé à accuser son opposant de fraude. Puis, elle s’était arrêtée quand le rapport de l’OSCE avait validé le processus électoral et les résultats. Or, on sait qu’en 2004 les américains avaient investi déjà énormément d’argent (cf. le témoignage du jeune biélorusse) dans la première révolution de Maidan, et qu’ils avaient dépensé au total 5 milliards de dollars sur l’Ukraine dont des dizaines, voir des centaines de millions pour peser sur le changement politique, et que l’élection de 2010 ayant donné la victoire à un pro-russe, certes, de justesse, mais de façon démocratique, on peut également mettre en doute « l’évènement fondateur » de la démocratie en Ukraine, la révolte Maidan de 2004 contre l’élection truquée, ayant donné justement la victoire au candidat pro-russe... un certain Viktor Yanukovych. Qui peut nous assurer que Yanukovych n’avait pas également gagné cette élection de 2004 puisqu’après 6 ans, et tous les efforts des Américains, il a bel et bien remporté les élections de 2010 alors que le corps électoral ukrainien n’avait aucune raison d’être plus pro-russe en 2010 qu’en 2004?
Au lieu d’attendre que les choses se fassent à leur rythme, que les peuples se libèrent, qu’une génération remplace une autre, la logique des américains rejoint en fait celle des marxistes et communistes de tous genres : « nous savons ce qui est bon pour le peuple, et nous devons parfois aller jusqu’à faire le bonheur du peuple malgré lui ».
Ainsi, nous voyons avec ce film véritablement emblématique (et dont je recommande à tous la vision), comment, si nous avons bel et bien commencé la guerre en Ukraine en décembre 2013 en soutenant un coup d’état qui a mis en en place un régime aussi illégitime que si les gilets jaunes avaient remplacé le Président légitimement élu Emmanuel Macron lors des grands troubles de 2018-2019 en France, les actions d’ingérence de l’Occident ont commencé plus d’une décennie plus tôt....
Ainsi, quand dix à quinze ans après la chute du mur de Berlin les « dinosaures » de l’époque soviétique ont été chassés du pouvoir en Serbie, en Géorgie, au Kirghizstan et en Ukraine, je ne pouvais évidemment que m’en réjouir.
Mais ma femme, chinoise, n’était pas d’accord. Elle décelait déjà un « deux poids deux mesures ». Une ingérence inacceptable des américains dans les affaires de pays sensés désormais être indépendants. Je n’y ai pas prêté une grande attention, jusqu’à ce qu’elle me montre un petit documentaire passé en grande partie inaperçu, réalisé en 2005 par Canal+. Le Canal+ de 2005, bien avant l’époque Bolloré, est encore irrigué des fameuses idées « progressistes » qui se voulaient anti-américaines et pacifistes alors que « atlantistes » sont de droite. On voit aujourd’hui à quel point les choses se sont inversées quand on voit que les membres du « Parti de la guerre » les plus acharnés sont recrutés essentiellement au centre et au centre gauche.
Ce film est intitulé « Les Etats-Unis à la conquête de l’Est ». Il commence très calmement dans un golf au Kirghizstan où deux américains sont en train de prendre leur brunch du dimanche. Mais ce ne sont pas n’importe quels américains. Employés par une fondation au service des Républicains (et là on voit aussi à quel point le parti Républicain a changé, passant des faucons néo-conservateurs désireux de s’ingérer dans toutes les affaires internationales, à l’isolationnisme actuel de Donald Trump) dirigée par John McCain, ce sénateur Républicain qui fut le candidat malheureux contre Barak Obama quelques années plus tard en 2008, et qui jouera un rôle important dans le fameux coup d’état de 2014 que nous avons décrit dans notre page sur l’Ukraine.
C’est une constante dans ce documentaire : quel que soit le pays où l’on aille, quelle que soit la fondation américaine ou l’ONG concernée, la figure de John McCain apparaît soit en personne soit en filigrane. Il semble avoir joué un rôle extrêmement important dans cette ingérence généralisée, certainement de bonne foi, en bon amoureux de la démocratie, comme ces deux américains qui devisent très tranquillement devant une tasse de thé et des œufs brouillés : « moi, je ne crois pas que l’impérialisme soit une mauvaise chose, s’il est au service de la liberté. Je suis persuadé que j’agis pour le bien des gens ». Et l’autre, son collègue, rajoute quand même qu’il est là pour « exporter l’économie de marché dans l’intérêt des Etats-Unis ».
Bref, pour paraphraser l’expression du PDG de la General Motors : « Ce qui est bon pour la General Motors est bon pour les Etats-Unis ».
L’équipe de Canal+ n’est pas là par hasard, il y a bientôt des élections au Kirghizstan, et Mike Stone, l’un des deux américains « employés » de John McCain dirige justement la seule imprimerie du pays...qui imprime les journaux d’opposition. Or, on vient juste de couper l’électricité dans cette imprimerie car dans quelques jours il y aura justement d’importantes élections législatives. Et l’américain explique, très fier, que le pouvoir le craint, non seulement parce qu’il imprime les journaux de l’opposition, mais aussi un petit guide destiné à renverser les gouvernements « dictatoriaux ». « Guide de la révolution » qui a été élaboré au départ par un professeur américain ( qui sera interviewé dans le film) et que nous retrouverons tout au long du documentaire de Canal+ dans de nombreux pays.
On assiste alors à une scène assez stupéfiante. Le Kirghizstan de l’époque est l’un des rares pays à avoir à la fois des bases russes et une bases américaine. Nous sommes dans l’époque post-soviétique où l’économie russe est encore très faible, et l’état dépend en partie des loyers que lui versent les USA. Le sénateur John McCain dans une réunion qui a été filmée par l’équipe de Canal+ s’adresse au Ministre des Affaires Etrangères du pays exactement comme s’il parlait à un employé. Il lui explique qu’il faut immédiatement rétablir l’électricité de l’imprimerie pour lui permettre de continuer à distribuer les journaux d’opposition. Lequel ministre s’exécute, puis confie à la caméra de Canal+ qu’il est contreproductif d’essayer d’imposer la démocratie dans des pays qui ne sont pas encore prêts.
Quelques jours plus tard, alors quel les élections législatives ont donné « en théorie » la victoire au parti au pouvoir, de grandes manifestations organisées par de jeunes opposants vont balayer le régime et le ministre en question.
Comment le dit l’un de ces opposants interrogé par Canal+, « même si c’est un projet américain, je ne vais pas m’excuser ». Les américains, eux, ont eu le sentiment d’une mission bien accomplie.
On se rend compte ensuite, au fur et à mesure des pays et des interviews, que l’on a à faire à une véritable internationale révolutionnaire à l’envers, un « Komintern » au service des américains et entièrement financé par eux. On insiste ainsi à des stages qui alternent entraînements physiques de type « commandos » et des discours politiques en ... Crimée pour former les jeunes militants ukrainiens.
Un détail attire mon attention : un jeune biélorusse qui espère une révolution qui n’est encore jamais arrivée dans son pays, a gardé un T-shirt orange de l’époque de la « première » Révolution de Maidan, celle de 2004. Il dit avec une admiration quasi-éperdue, parlant des ukrainiens « ils avaient tellement d’argent »... Ainsi, en 2004, il y avait déjà beaucoup d’argent investi par les américains pour le changement de régime en Ukraine. Imaginez alors ce que cela a dû être entre 2004 en 2014 !
Deux mois avant les élections, on voit des étudiants serbes aider les géorgiens, toujours en présence de représentants de John McCain. Si tous ces américains sont discrets, ils ne se cachent pas, et avec quelques efforts, l’équipe de Canal+ arrive à en interviewer certains dans leur QG aux Etats-Unis. Par exemple, celui de l’ONG « Projet pour les démocraties en transition » dont le directeur, avoue benoitement que dans les années ‘50-’70...c’est la CIA qui faisait le travail qu’il effectue actuellement et que ce travail se fait faire désormais par des ONG de façon publique et « transparente ».
Le directeur d’une autre ONG qui joue aussi un rôle central dans toutes ces « révolutions de couleurs », confie au hasard dans une interview que son père est l’un des fondateurs de...la CIA. Ce qui boucle la boucle !
On croise dans leurs bureaux deux jeunes russes qui ont créé leurs ONG il n’y a même pas trois mois. Elles ont déjà l’adresse du « guichet » pour venir chercher des fonds (qu’elles obtiennent bien sûr ) pour les manifestations contre Poutine… en 2005 ! Soit avant son premier discours anti occidental à Munich, en 2007…
On voit évidemment aussi le rôle de Georges Soros dont la Fondation a formé les divers ministres qui arrivent au pouvoir dans différents pays.
Le film se termine par cette phrase incroyable, est terriblement prémonitoire, qui, je vous le rappelle, est de 2005 : « La révolution sera de couleur rouge comme l’affrontement inévitable entre deux forces que lentement mais sûrement on est en train de dresser dangereusement l’une contre l’autre ».
Certes, vous me direz que tout cela a été fait au nom de la démocratie, du droit des peuples à disposer d’eux-mêmes, et que l’on a juste un peu « aidé » les mouvements à aller dans le « bon » sens de l’histoire.
Il y a juste un petit problème... Tous ces jeunes « croisés » de la démocratie que l’on voit si enthousiastes dans ce film, croyez-vous qu’ils accepteraient un seul instant le résultat légitime d’une élection si celle-ci leur donnait une minorité ? Et qu’ils iraient raconter à John McCain et leurs parrains américains que le peuple de leur pays a choisi la continuité, et les « dinosaures » post-soviétique plutôt que l’attrait de la liberté de l’Occident qu’ils représentent ?
Cela m’étonnerait beaucoup. Et j’en ai la confirmation dans le fait que dans la fameuse élection de 2010, modèle de démocratie, encore une fois, selon l’organisation pour la coopération et la sécurité en Europe (OSCE), l’opposante pro-Occidentale au candidat pro-Russe Viktor Yanukovych, Yulia Tymoshenko avait d’abord commencé à accuser son opposant de fraude. Puis, elle s’était arrêtée quand le rapport de l’OSCE avait validé le processus électoral et les résultats. Or, on sait qu’en 2004 les américains avaient investi déjà énormément d’argent (cf. le témoignage du jeune biélorusse) dans la première révolution de Maidan, et qu’ils avaient dépensé au total 5 milliards de dollars sur l’Ukraine dont des dizaines, voir des centaines de millions pour peser sur le changement politique, et que l’élection de 2010 ayant donné la victoire à un pro-russe, certes, de justesse, mais de façon démocratique, on peut également mettre en doute « l’évènement fondateur » de la démocratie en Ukraine, la révolte Maidan de 2004 contre l’élection truquée, ayant donné justement la victoire au candidat pro-russe... un certain Viktor Yanukovych. Qui peut nous assurer que Yanukovych n’avait pas également gagné cette élection de 2004 puisqu’après 6 ans, et tous les efforts des Américains, il a bel et bien remporté les élections de 2010 alors que le corps électoral ukrainien n’avait aucune raison d’être plus pro-russe en 2010 qu’en 2004?
Au lieu d’attendre que les choses se fassent à leur rythme, que les peuples se libèrent, qu’une génération remplace une autre, la logique des américains rejoint en fait celle des marxistes et communistes de tous genres : « nous savons ce qui est bon pour le peuple, et nous devons parfois aller jusqu’à faire le bonheur du peuple malgré lui ».
Ainsi, nous voyons avec ce film véritablement emblématique (et dont je recommande à tous la vision), comment, si nous avons bel et bien commencé la guerre en Ukraine en décembre 2013 en soutenant un coup d’état qui a mis en en place un régime aussi illégitime que si les gilets jaunes avaient remplacé le Président légitimement élu Emmanuel Macron lors des grands troubles de 2018-2019 en France, les actions d’ingérence de l’Occident ont commencé plus d’une décennie plus tôt....